Concession automobile. La fin du temps des cathédrales

Entretien Christophe Alamargot et Laurent Dachet, directeurs associés au sein du cabinet d’architecture Archipel 41

« Les constructeurs poussent à la création de sites multimarques »

L’argus. Quel est le périmètre d’activité de votre cabinet dans l’automobile ?
Christophe Alamargot. Environ 90 % de notre activité repose sur les concessions automobiles. Nous avons plusieurs volets d’intervention. La première consiste à assurer la mission d’architecte conseil pour le compte des constructeurs, soit à titre exclusif, ce qui est le cas avec les marques Ford, Mazda, Nissan, BMW, Mini, Kia et Jaguar Land Rover, soit partagé avec un autre cabinet, soit en étant référencé. Concernant les groupes de distribution, nous travaillons avec Amplitude, Rossi, Maurin, Priod, Corsin, Bauer, Saint-Christophe, GGE, Altaïr et BPM Group.

Laurent Dachet. Sur les études d’avant projet sommaire (APS), en tant qu’architecte conseil auprès des constructeurs, nous contribuons à 600 projets par an environ. Sur l’activité maîtrise d’œuvre, nous intervenons sur une cinquantaine de bâtiments par an, que ce soit en restructuration ou en construction, allant de 200 000 € de travaux jusqu’à 25 M€. En moyenne, nos chantiers tournent entre 2,5 M€ et 3 M€. Nous travaillons sur un projet qui entre en appel d’offre, à Gap, concernant la création sur un même terrain d’un premier bâtiment réunissant les marques Ford, Volvo, Kia, Nissan et Suzuki, et d’un second regroupant Volkswagen, Audi, Seat et Cupra.

Avez-vous observé des changements dans la nature des demandes des constructeurs et des distributeurs ?
Laurent Dachet. Depuis le rachat d’Opel par PSA et la création du groupe Stellantis, nous constatons une volonté de diminuer les coûts de distribution et pour ce faire leur piste de recherche est de réduire les surfaces de vente. Le groupe veut mettre en place un hall “généraliste”, qui va intégrer les marques Fiat, Opel et Citroën, et un autre “premium” avec Alfa, DS et Jeep. Est-ce que ce sera le même carrelage dans les 2 halls ? Est-ce que la couleur de la façade, pour un site multimarque, sera différenciée ou alors unie avec juste des logos ? On ne sait pas encore. Est-ce que les marques seront séparées dans les showrooms ? A priori, oui.

Christophe Alamargot. Le multimarquisme était initialement un choix du concessionnaire dans l’optique d’optimiser les coûts d’exploitation. En revanche, les constructeurs n’y étaient pas forcément favorables, privilégiant davantage des sites monomarques. Depuis 2 ou 3 ans, ce sont ces derniers qui poussent à la création de sites multimarques. Ils entendent réduire également la quantité de voitures dans les showrooms. Je considère qu’augmenter l’espace entre les produits en exposition permet de les mettre en valeur, c’est plus qualitatif.

Quelles sont les répercussions de ces mutations sur votre métier ?
Laurent Dachet. Des grands groupes raisonnent en temps réel mais aussi dans l’avenir. Par conséquent, ils nous demandent de construire des bâtiments qui pourront évoluer et ainsi accueillir, le cas échéant, d’autres activités ou une autre marque. Ils veulent de la modularité et pouvoir découper leur showroom, le réduire, l’agrandir selon les demandes du constructeur. Des groupes ne sont pas favorables à une diminution des surfaces, à l’inverse d’autres s’inscrivent davantage dans une logique de rationalisation des mètres carrés.

Vers quel profil de concession se dirige-t-on désormais ?
Christophe Alamargot. Au-delà de 400 m2 de showroom accessible au public, les concessionnaires payent une taxe sur les surfaces commerciales, la Tascom. Par conséquent, sauf préconisation spécifique de la part des constructeurs sur la surface, la plupart des groupes de distribution essayent de construire des showrooms de moins de 400 m2 par marque.

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